Actualités

Réhabilitation énergétique des logements : La Cour des Comptes met les pieds dans le plat.

L’honorable maison de la rue Cambon vient de rendre un très opportun rapport sur la mise en œuvre du diagnostic de performance énergétique, pour les exercices 2021-2024.

https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-06/20250603-Mise-en-oeuvre-diagnostic-performance-energetique.pdf

L’objet de ce post, n’est pas pour moi d’aborder la délicate question du diagnostic immobilier mais de retenir ce que dit la Cour sur l’agenda de la transition énergétique du parc de logements français.

Chez Kaldée, nous avons souvent insisté sur la première difficulté de disposer d’un inventaire fiable du classement des résidences, même pour notre cas particulier de notre marché du logement social. Nous avons souligné que des agences dépendantes d’un même ministère produisaient des chiffres très différents.

C’est l’avantage d’un écrit émanant d’une cour de justice, c’est que quoi qu’on en pense il fait référence. Dans le tableau ci-joint, on mesure l’incroyable lenteur de la société française et de la filière immobilière à entrer vraiment sérieusement dans la transition énergétique. La question des passoires énergétiques, je l’ai déjà dit précédemment avait été soit déjà disant inscrite dans le marbre entre les acteurs HLM et le gouvernement lors du Grenelle de l’environnement sous les années Chirac. Comme disait l’intéressé c’est beau mais c’est loin !

On ne peut pas dire que les acteurs n’ont pas eu le temps.

On ne peut pas non plus les incriminer de n’avoir pas pu tenir les objectifs.

Je vois 3 causes, pour ne pas dire 3 responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

La première est l’Etat et le Législateur sont incapables de tenir les règles sur une distance moyenne. Nous sommes passés de changements tous les 3 ans, à des changements tous les ans et depuis 2024 quasiment tous les mois. Aucune filière ne peut s’organiser sérieusement sur un enjeu aussi gigantesque dans une telle tornade de textes. Il faudrait bloquer les règles pendant au moins 3 ans.

La 2nde , nous suivons quelque part une matrice Pestel, c’est le caractère chaotique et hystérisant des innovations énergétiques. À chaque année la technologie miracle bas carbone. Derrière à la manœuvre les géants de l’énergie, qui se passent le leadership comme à la champion’s Cup, un jour c’est le gaz, le lendemain c’est l’élec, après le temps des pompes à chaleur, etc…

La 3e comme toujours, c’est l’argent. Quand il y en a beaucoup, on ne le met pas au bon endroit, quand il y en a moins, il faut embaucher des traders pour décrocher les subventions, et quand y en a plus y en a plus !

Et là, le rapport la Cour des comptes pique très fort : deux millions et demi de logements en G, c’est-à-dire juridiquement inlouables, c’est un budget de réhabilitation qui se promène entre 50 et 100 milliards ! Je comprends mieux pourquoi tout le monde a envie de casser le thermomètre.

Or c’est exactement l’inverse qu’il faut faire. Un ancien président disait s’il y a un projet il y a de l’argent. Pour la transition énergétique c’est tout à fait vrai, malgré les irresponsables actuels du Palais Bourbon, la majorité des français est acquise à la révolution énergétique, les collectivités locales même les plus sceptiques sont entrés dans le processus, et le secteur économique malgré le Trumpisme ambiant n’a que les ESG à la bouche.

Mais admettons qu’un grand loto apporte sur un plateau les dizaines de milliards, il ne seraient pour autant pas confiés à des opérateurs qui ont le plus grand mal du monde à proposer des inventaires fiables de leur situation technique et disposant des outils modernes de suivi des investissements de la réhabilitation.

Cela nous permet de revenir à cette affaire des conventions d’utilité sociale, des PSP, PSSED, qui non, ne sont pas des contraintes, mais de formidables outils de transparence, donc de communication financière, donc propre à rassurer les investisseurs qu’ils soient publics ou privés.

Chers amis bailleurs sociaux, nous savons que vous êtes soumis à un reporting coûteux et chronophage. Mais il est bien bien loin de ce que le secteur privé, qui fait appel à des fonds, est obligé de produire.

Comme disait Virgile « o fortunatos nimium, sua si bona norint, Agricolas ! ».

Outillez-vous, il y a des milliards à aller chercher.

Et les outils digitaux, simples à mettre en œuvre, ils existent : https://kaldee.fr/

Tableau n°1 : état du niveau de performance énergétique du parc de logements en France

Source : Cour des comptes d’après le service des données et des études statistiques du Commissariat général au développement durable. France métropolitaine uniquement.

Ce suivi imprécis des aspects « post DPE » traduit une approche des services de l’État centrée sur les aspects techniques du DPE alors qu’elle aurait utilement pu intégrer la dynamique de réalisation effective de travaux au service de l’objectif de réduction du nombre de « passoires thermiques ».

Article Kaldée – 5 juin 2025 – DPE rapport de la CC Auteur Jean Naem